Interview pour le journal hebdomadaire mexicain Ocio / Milenio Jalisco. Par Omar Gómez Gutiérrez.

Qui est Rémi Lange ?

 Je ne le sais pas moi-même !

Le cinéma, c'est quoi pour toi ? 

Le cinéma pour moi est une façon de laisser une trace de moi sur terre (en admettant que tous mes films soient conservés en cas de destruction massive, à l'échelle planétaire !)... Le cinéma c'est une thérapie, ma seule façon d'exister... Déjà en faisant des journaux filmés, pour faire de ma vie une œuvre d'art, pour lui donner un sens, me dire que je ne vis pas pour rien... Mais aussi faire des films qui marqueront les esprits, qui resteront si possible dans l'histoire du cinéma, du vrai cinéma, celui qui réfléchit... J'y suis en partie arrivé grâce à Omelette, qui est entré dans la collection du Musée National d'Art Moderne - Centre de culture Georges-Pompidou... Qui est étudié dans les universités de France et aussi à l’étranger... Qui se retrouve analysé dans des mémoires universitaires au même titre que Tarnation... Qui est reconnu partout comme un film ayant marqué l'histoire du journal filmé... Mais j'aimerais aussi qu'on se souvienne après ma mort de tous mes autres films... Ce n'est pas gagné ! Le cinéma c'est aussi une façon de briser les frontières entre les genres, qu'il soit cinématographiques ou sexuels... Le cinéma c'est une façon de changer le monde, de casser les frontières entre moi et l'Autre, d'atteindre la tolérance : c'est aussi un acte militant pur et désintéressé... Dans tous mes films (ou presque) je maltraite d'une façon originale les sujets tabous de notre société... Dans Omelette je choisis de filmer en direct la réaction de mes proches (parents, sœur, grand-mère) à l'annonce de mon homosexualité (Omelette peut-être vu sur Youtube). Dans Tarik el hob (tourné en 1999) j'ai essayé de briser le tabou du lien entre Islam et homosexualité. Dans Mes parents je montre qu'une relation sentimentale est possible avec une personne intersexe. Le message de The sex of madame H est le suivant : "le sexe c'est l'imagination, votre corps est révolutionnaire" (le corps comme création originaire, écriture, voir Antonin Artaud). Devotee est un hymne à l'acrotomophilie et aussi à l'acceptation des corps différents, dits "monstrueux". Enfin mon dernier film Le chanteur montre qu'on peut réussir artistiquement, avec sa différence, quand on est un peu "fou" comme le Thomas décrit dans le film, celui qui chante sur scène avec la perruque que sa mère portait lors de sa chimiothérapie due à des cancers du sein... Ce Thomas-là, c'est aussi un portrait masqué de moi-même, je suis aussi moi-même un être un peu "fou" qui essaie de réussir artistiquement !

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